Hassan Rohani, l’espoir du peuple iranien
Le monde l’attendait avec anxiété, le peuple iranien l’a fait : un candidat réformateur a été élu en Iran, au premier tour, excusez du peu. Hassan Rohani, l’un des deux candidats modérés pouvant se présenter à l’élection après les diverses évictions d’autres candidats de leur camp, a triomphé des autres candidats beaucoup plus conservateurs et soutenus par le vrai pouvoir en Iran: les mollahs et le Guide Suprême, Ali Khamenei. Mais le plus dur reste à faire, tant en termes de politique intérieure qu’en termes de réhabilitation de l’Iran sur la scène internationale.
Soutenu par les principales figures du camp réformateur, l’ex-présidente Khatami et le candidat évincé dans le processus de désignation des candidats M. Rafsandjani, Hassan Rohani a été élu Président de la République Islamique d’Iran et ce, dès le premier tour, signe du tsunami d’iraniens à s’être prononcé en sa faveur. Avec un taux de participation de l’ordre de 73%, à faire pâlir toutes les grandes démocraties occidentales, M. Rohani a récolté 18,6 millions de voix soit 50,68% des suffrages.
C’est le signe que le mouvement de vague verte ayant eu lieu après la réélection en 2009 de M. Ahmadinejad est loin d’être mort et que la plupart des iraniens ne se reconnaissent pas dans la ligne dure prônée par les ayatollahs. Si des craintes fondées pesaient sur l’issue du scrutin, l’Iran vient de prouver au monde que ce pays, plusieurs fois millénaire, possède une démocratie fonctionnelle et que, contrairement à ce que veulent relayer les médias, ce pays ne peut être réduit à la caste d’ayatollahs qui semblent parfois faire la pluie et le beau temps.
Toutefois, même si l’élection de M. Rohani constitue une excellente nouvelle, plusieurs gros chantiers nécessitent une attention immédiate et redresser l’Iran économiquement ne sera pas une mince affaire compte tenu des différentes sanctions internationales ayant cours. En effet, selon des informations publiées par les tenants de la révolution verte en exil, un rapport secret recommanderait la ponction de 20% des économies des iraniens pour faire face à la pénurie de liquidités à laquelle fait face la République. Les sanctions internationales ont, d’un côté, tari la source principale de revenus du régime en diminuant énormément les exportations de pétrole de l’Iran et, d’un autre côté, ont gelé les avoirs de la République détenus à l’étranger. Ceux-ci sont donc inaccessibles et la banque centrale iranienne, à moins de se lancer dans une vaste production de billets, ne pourra bientôt plus jouer son rôle de prêteur en dernier ressort alors que les difficultés des banques commerciales s’accumulent. Si le pouvoir en vient à faire usage de mesures aussi désespérées, il est à craindre de nouveaux affrontements qui viendraient obscurcir la dynamique d’espoir engendrée par l’élection de M. Rohani.
Il est donc urgent que la communauté internationale puisse rouvrir la voie aux exportations de pétrole iranien afin que ce grand pays puisse continuer son développement. Mais cela ne peut arriver sans concessions de la part de l’Iran, notamment sur le dossier du nucléaire ainsi que dans son attitude vis-à-vis des Etats-Unis et d’Israël.
Rohani a le soutien du peuple, meilleure carte à jouer face aux ayatollahs.
Hassan Rohani semble donc être un très bon compromis pour l’Iran et pour la communauté internationale. Il a déjà été celui qui a mis en suspens une première fois le programme nucléaire iranien en 2003 et connaît donc les arcanes du pouvoir à Téhéran mais possède également une expérience inestimable en matière de politique étrangère. Au carrefour des attentes des ayatollahs, qui ne veulent pas perdre leur bras de fer avec les Etats-Unis, des attentes du peuple iranien, qui souhaite plus de réformes et de libertés, et des attentes de la communauté internationale qui veut voir en l’Iran un partenaire fiable, prêt au dialogue, Hassan Rohani part avec un capital confiance très élevé. Mais, à l’image de Barack Obama aux Etats-Unis, espérons qu’il ne déçoive pas trop les espoirs placés en lui. L’Iran et le reste du monde en ont par trop besoin après huit années de défiance mutuelle.